Le duo vocal homme-femme dans Realta
Pour fêter les vingt ans du groupe, il fallait un élément déterminant, la source d’un nouvel élan. Beaucoup de choses ont été dites, faites, réussies ou essayées. L’histoire de Realta, c’est une quarantaine de chansons, dans de nombreux arrangements différents, à une voix, deux voix, trois voix… quelquefois jusqu’à six ! Malgré une vingtaine de chansons composées sur mesure pour le groupe par certains de ses membres, certaines chansons traditionnelles irlandaises ou chansons de marins ont vécu de nombreuses transformations. Changements de mesure, de tonalité, quelquefois de paroles, et surtout une instrumentation qui a beaucoup évolué. Que dire de plus sur les mêmes chansons ? Comment le dire mieux ?
La voix
Le choix a été fait de repartir de la base. La matière première. La voix.
Que dit-elle, à elle seule ? L’émotion brute d’une voix a capella, difficile à assumer techniquement, à porter moralement, donne un contact privilégié avec le public. Celui-ci a à sa disposition une personne qui accepte de donner une émotion nue. Il a le pouvoir de l’accueillir ou de la bouder. Longtemps tourné vers des arrangements très construits et étoffés, le groupe Realta des quatre dernières années, à travers son chanteur lead Fred FANTAISIE, a constamment donné une place à ce type d’expression.
Le duo vocal
Quand ce rapport privilégié avec le public est posé, il ne manquerait qu’une étincelle pour en révéler toute la puissance et la finesse. Quelquefois, un des autres musiciens apportait cette profondeur d’expression, donnant un contraste entre les couplets et les refrains par exemple. Un unisson donnait de la présence, une deuxième voix enrichissait l’harmonie.
On pouvait pousser plus loin, apporter quelque chose de neuf, un catalyseur d’émotion. Dans le répertoire celtique, la femme occupe comme partout une place parfois tendre. Rien d’étonnant à trouver de belles ballades sur des amours perdues ou difficiles. Elle a aussi un important rôle de motivation des guerriers. En Irlande, ce sont des déesses qui survolent les champs de bataille pour encourager les combattants ou repérer les faibles. L’initiation à la guerre et l’apprentissage du combat est souvent fait par une maitresse d’arme. Le plus vaillant combattant mythique d’Irlande, Cú Chulainn, a été formé au métier des armes par Scáthach, entre autres exemples.
L’apparition d’une voix féminine après un couplet en solo masculin peut évoquer toutes ces ambiguïtés de tendresse et de violence qui apparaissent dans les chansons celtiques. Cette présence féminine est apportée par la chanteuse altiste Rachel KELLY.
L’univers instrumental et harmonique
Si la rencontre des voix est importante, une expression artistique se définit aussi par un environnement, un écrin. L’arrangement aide à concentrer une énergie plus large sur les chanteurs. Si le chant a capella permet de belles rencontres sensibles, le monde harmonique le met en valeur. Il n’a pas besoin d’être omniprésent. Des accords riches ou ambigus peuvent sortir les voix du confort, créer une tension, amener vers la détente, ou le drame. Une instrumentation simple, basée sur une guitare et un violon-alto, parfois des percussions ou une flute, servent particulièrement cette expression, enrichissant les voix en leur laissant leur place.
Les premiers concerts
Le résultat ne s’est pas fait attendre. En trois concerts en trio, constitué du duo vocal auquel se joignait le violoniste, la sauce a pris, les voix et les caractères se sont enrichis et dynamisés, et le public est tombé instantanément sous le charme. Salle comble et accueil chaleureux à Reigny en juin 2013, et standing ovation à la fin du concert à Selles sur Cher en juillet, laissant à la Région Centre les primeurs de cette rencontre. Une réaction si positive du public et des organisateurs, c’est un formidable ressort pour donner envie à ces artistes de continuer sur cette voie, en l’enrichissant de l’énergie de leur rencontre en se spécialisant dans le duo chanteur-chanteuse.