Une chanteuse dans Realta ?
Une idée pas nouvelle, intéressante, ambitieuse.
Lors de la recréation de ce groupe celtique en 2009, le chanteur, Fred, a tout de suite imaginé les atouts que pourraient présenter une présence féminine dans le groupe. Les femmes participent à l’identité celtique. A l’époque antique déjà, face au monde gréco-romain de plus en plus phallocratique, la civilisation celtique faisait la part belle aux femmes. Bien sûr, les déesses portaient les symboles agricoles et culturels fréquents dans les civilisations indo-européennes, mais elles avaient aussi de nombreux attributs guerriers, de la maitrise des armes à la domestication des chevaux.
Ces attributs guerriers ses sont transmis à travers les légendes et mythes du Moyen-âge. On les retrouve dans les cycles mythologiques et arthuriens, où des fées décident du sort des héros, cachent ou dévoilent les armes magiques. La formation de Cu Chulainn, le grand héros irlandais, est confiée à une femme, des déesses féminines planent au-dessus des champs de bataille.
Plus tard, les femmes sont omniprésentes dans les rebel songs et les ballades irlandaises. Ces chansons étaient chantées, et sans doute quelquefois composées, dans pendant les grands mouvements de révolte des Irlandais contre l’occupant anglais. On en trouve des reprises dans le groupe Realta. La femme représentée dans ces chansons donne du courage aux jeunes révoltés, par sa fidélité, son engagement moral auprès de son fiancé parti au loin, son travail. Son abnégation permettant au héros de partir au combat le cœur léger.
Dans Suil ha ruin, la jeune épouse vend tous ses biens pour acheter une épée à son héros, sans espoir qu’il revienne.
Dans Mna na Eireann, un hommage est donné aux femmes de combattants restées au pays, et qui le font vivre en leur absence.
Dans The wind that shakes the barley, la mort de la fiancée d’un combattant déclenche sa fureur.
Le héros de The banks of red roses, ou la version plus moderne, the banks of the roses, va jusqu’à tuer et enterrer sa fiancée qui lui demandait de déserter.
Il y a aussi quelques belles histoires d’amour, comme Sally gardens, qui ne parlent pas de révolte, mais dont l’approche sentimentale est souvent originale.
La place d’une chanteuse dans ce répertoire saute aux oreilles et au cœur. Elle approfondit la relation entre le chanteur et son texte, en même temps qu’elle ouvre les arrangements vocaux et le spectre sonore.
En 2015, la chanteuse-percussionniste Anne ISAMBERT rejoint l’aventure, avec sa sensibilité et son talent.
Souhaitons-lui d’ajouter ses talents de chanteuse celtique à sa palette stylistique déjà riche. Souhaitons au groupe de trouver un équilibre et de la richesse dans cette collaboration.